An 10 de l’Alternance : Fêtons la pitoyable « Alternoce » ! ! !
Il était une fois le 19 Mars 2000. Une alternance pacifique et historique à laquelle nous avions assistée, mettant fin à quarante ans de suprématie du Parti socialiste.
Je ne sais pas si vous vous en rappeliez mais en ce temps-là –période d’avant 2000–, l’« Alternance » n’était qu’un simple rêve certes réalisable mais qui malencontreusement présentait de gros risques pour l’avenir du pays. Des populations Sénégalaises aux observateurs étrangers, tous craignaient un blocage du processus électoral et un déchaînement de la violence.
Ce Sénégal-là était à deux doigts de ressembler à sa sœur ivoirienne où éclata dans ce pays un coup d’état militaire contre le régime d’Henri Konan Bédié. Cette crise ivoirienne a eu considérablement de résonances au Sénégal, ce qui a fait qu’une partie de la population dont notamment les jeunes étaient excités à l’idée de voir surgir de quelque part un Robert Gueï
Sénégalais.
Sénégalais.
Le contexte d’alors était si chargé que le leader de l’opposition, Me Abdoulaye WADE lui-même, avait intentionnellement demandé durant sa campagne à l’armée de faire respecter la volonté de changement du peuple sénégalais en cas de fraude du pouvoir. Un clin d’œil qui venait à son heure suite au mécontentement grandissant des troupes qui réclamaient leurs primes de retour de la MINURCA (Mission des Nations unies en Centrafrique).
Le décor pour un « Apocalypse Now » à la sénégalaise était tout campé avec des propos irresponsables de part et d’autre… Le pire était ainsi à craindre en cas de fraudes électorales ou de victoire du P.S.
Honorablement pour nous car contre les prévisions, les divinations et les presciences pessimistes des Cassandre de l’afro-pessimisme, les échéances électorales de 2000 se sont soldées par une alternance paisible.
Ainsi est survenue l’Alternance démocratique au Sénégal qui laissa sordidement la place à l’ « Alternoce » !
L’Alternance telle que précisée par les votes issus des isoloirs était la demande hardie d’une nouvelle moralité politique et d’un nouveau contrat social, formulée par une société prise à la gorge par les conséquences désastreuses des politiques d’ajustement structurel.
Elle –l’ « Alternoce »– n’avait malheureusement dans son concret que pour dessein de faire adorer la richesse, aimer les riches, favoriser les riches, gouverner pour les riches… Cette « Alternoce », au regard de la pauvreté endémique de notre société Sénégalaise, représente la grande heure du bamboula et de la ploutocratie.
Du grec ploutos : richesse et kratos : pouvoir, la ploutocratie, consiste en un système de gouvernement où l'argent constitue la base principale du pouvoir. D'un point de vue social, cette concentration du pouvoir dans les mains d’une classe sociale anciennement très « badoola » s’accompagne de fortes inégalités. Si telle est la définition du terme, nos « Alternoceurs »
peuvent être alors considérés comme des ploutocrates véritables, aisés,
distingués et reconnus.
peuvent être alors considérés comme des ploutocrates véritables, aisés,
distingués et reconnus.
Robert Klitgaard a posé l'équation schématique suivante : Corruption = Monopole + Pouvoir – Transparence. Cette équation transposée au Sénégal de l’Alternance nous donne de la matière à être davantage sceptique et inquiet sur notre souci d’un Sénégal en bon devenir.
Ce qui se passe au Sénégal en l’an 10 de l’Alternance est symptomatique d’un système politico-financier pour lequel notre Etat n’a plus droit au chapitre et les institutions sont plus que jamais dépecées, morcelées, fragmentées et dévalorisées à l’extrême. Malaxés par une dynamique budgétaire asphyxiante, notre Etat se voit contraint de pactiser avec les magouilleurs en col blanc, qui plus est, sont dans la structure centrale de cet même Etat.
Dans le Sénégal de la finance et de la ploutocratie axés sur la gagne, tout n’est plus qu’une question de jeu comptable. On fait passer des recettes pour des dépenses, des crédits pour des débits, des emprunts pour des prêts, etc. Al Capone ne « valait rien » sans son comptable, Al Capone dans ce Sénégal-ci aurait l’image d’un tout petit nain de jardin.
Nous aurons beau épiloguer sur les scandales de tous azimuts : ARTP, ANOCI, Sudatel, Sentel, Affaire Segura, Meridien, Agenciation à outrance, des affaires à n’en plus finir… constatons seulement et ensemble que le mal est déjà fait et qu’il ne nous reste qu’une seule issue : bouter les « alternoceurs » loin des sphères du pouvoir !
Le journal burkinabé « L’observateur Paalga » a raison de se poser cette question comme le ferait n’importe quel Sénégalais : Wade, 10 ans au pouvoir : c’était donc ça, le Sopi ?Le « SOPI » a non seulement déçu mais pis, il nous plaque dangereusement contre le mur de piteux et affligeant état qu’est le « SAPI ».
Prions Dieu de nous apporter une Alternative démocratique pour nous guérir de notre déception sur l’Alternance et ses travers qui ne sont que quelques exemples de l’ingéniosité d’un homme dans sa quête d’infini mal placé.
Allaahumma aamiine !!!
Ababacar Sadikh SECK
secksadikh1@yahoo.fr
secksadikh1@yahoo.fr
Commentaires
Enregistrer un commentaire