Malheureux comme les intérimaires du Sénégal !


De là où je me trouve actuellement, je sais d’avance que les mauvaises langues et les esprits embarrassés et constipés vont me médire…


Soit !

Pour moi l’essentiel est d’écrire et non de s’égosiller comme l’aime à s’y employer la majorité de mes compatriotes sénégalais : en nombrilisme il n'y pas mieux qu’un sénégalais. Pour ceux qui veulent me répondre, je vous saurai gré de vous mettre d’ores et déjà à vos plumes…

Merci d’avance !

De là où je me découvre également, d’autres s’amuseront à critiquer ma plume dans l’agencement de mes idées et autres…

Soit ! Le principal est pour est de vider mon sac.

De là où je me situe présentement, point de médisance, point de critiques car l’heure est venue de poser le problème des travailleurs temporaires et/ou intérimaires du Sénégal…
Soit à moi et pour moi !

Que d’aucuns me trouvent emprunté et prétentieux, point de majesté… Certes, ils auront raison de le faire ; mais me concernant, je n’aurai pas tort de révoquer une pareille situation… L’essentiel pour moi n’est point de donner des leçons, ni d’inspirer à qui que ce soit de la conduite à tenir, ni également de dicter mes opinions aux autres ; mais tout modestement de poser un problème froidement sérieux pour les uns et lamentablement grave pour les autres, pour qu’enfin des solutions idoines y soient apportées. En tout cas, j’en ai fait un souhait ardent.

J’en profite pour m’adresser aux acteurs passifs de cette chaîne de responsabilité à savoir les intérimaires eux-mêmes (leur fabuleuse apathie et leur fatalité légendaire les rend naturellement fautifs), comme aux acteurs actifs, en l’occurrence les employeurs ; sans oublier les tenanciers d’échoppes d’emplois temporaires ou intérimaires et le ministre de l’emploi qu’il est venu le temps d’éclaircir le débat pour les premiers et de légiférer pour les seconds.
L’emploi atypique que représente l’intérim a fini de faire son chemin, pour installer le chaos dans sa pratique et précariser davantage toute une génération ou des générations de travailleurs qui ne demandent qu’un emploi décent, convenable et bienséant. Rien de tel que ça et rien que ça…

L’heure est grave devrais-je dire… Devant une telle situation, dois-je citer chaque acteur du secteur de cet emploi précaire et atypique ou plutôt dois-je tout simplement délirer et déraisonner pour mettre mon coup de pied dans cette fourmilière qui sent le branle-bas total et absolu ?

Je ne sais pas mais au fur et à mesure voire même à démesure de mon argumentaire ; l’invite vous est fait de vous faire votre propre idée sur mon cheminement, pour après me juger pendant que vous y êtes…

Au demeurant, veuillez me permettre de me prendre dans ma propre prétention en revenant sur ce titre ô combien évocateur, allusif et suggestif de l’immense détresse que vivent mes amis (es) intérimaires.

« Malheur aux intérimaires » n’est qu’un titre à la sauce dérision et ironique pour désigner une situation incommode. Qu’un simple titre parmi tant d’autres aussi évocateurs, aussi allusifs, aussi suggestifs et qui ne saurait manquer point d’exhaustivité, dont entre autres : Intérimaires ou Damnés de l'emploi / Interi-a-mèrent vôtre et nôtre / Intérim égale à Servage / L’heure doit être à l’économiquement possible et au socialement souhaitable / …Tant de titres éventuels et possibles en route vers un grand embarras du choix !

Il me suffirait naturellement d’en prendre un seul pour « contextualiser » et conceptualiser à satiété le haut désarroi de mes « compadres » et in-fine, prendre mon assortiment. C’est ce que les wolofs disent : kouy xalam nassay diayou (littéralement traduit ça donne ceci : charité bien ordonnée commence par soi-même).

Comme vous l’aurez compris, j’ai choisi de donner mon opinion sur le travail temporaire en campant à ma manière le débat, tout en jouant pareillement à me la jouer subjectif, libre à moi. J’ai choisi mon camp…

Osez dire que les intérimaires sont fatigués, déboussolés et perdus relèverait plus du funeste, du macabre et du lugubre que de la raison et du bon discernement.
Il est des moments dans la vie des hommes où ne rien dire équivaudrait à consentir ; et il est des situations où ne pas dénoncer certains états de fait égalerait à faire preuve d’une infâme lâcheté et d’une ignoble vilénie.

Deux attitudes que je me refuse modestement et socialement à adopter, car ce sont là l’empreinte même et la marque de fabrique type des hommes-loups adeptes du Darwinisme qui croient au tri sélectif et qui s’accommodent bien de la situation aux auspices de « l’homme est un loup pour l’homme ».

Saviez-vous que : « La différence fondamentale entre la religion et l'athéisme est que la première croit en Dieu, tandis que l'autre croit au matérialisme. Quand Dieu questionne ceux qui nient, Il attire l'attention sur ce qu'ils affirment afin de rejeter la création : "Ont-ils été créés à partir de rien ou sont-ils eux les créateurs ?" » (Coran, 52 : 35). C’est donc, pour moi, une bonne occasion de dénoncer et de congédier le sort de cette pratique qui me touche égoïstement dans ma propre chair, moi qui ne souhaiterait faire parti des témoins passifs de leur propre histoire comme celle de leur société.

Suivez mon regard ! ! !

Antoine de Saint-Exupéry disait que : « La grandeur d´un métier est peut-être avant tout d´unir les hommes : il n’est qu’un luxe véritable et c´est celui des relations humaines. » A l’aune de la pratique de la Gestion des Ressources Humaines dans notre pays le Sénégal, il m’est loisible de me poser la question de savoir si nos DRH et « Patrons d’entreprises » se révèlent être à la hauteur de leur mission sur terre.
Pour toute réponse, je les laisse respectivement le grand soin d’en répondre en toute objectivité.

Cette assertion en quelques toutes petites lignes en dit longuement et copieusement sur le but premier de la pratique d’un métier, quel qu’il puisse être. Puis, je ne pense pas qu’il soit vraiment besoin d’être pratiquant d’une des religions révélées que sont le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam pour comprendre que de tels propos relèvent tout bonnement du bon sens et de l’humanisme, car le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi, la société n’est qu’un rêve de prédateur, dixit Daniel Pennac.

Je ne vous exhorte pas à faire dans l’idéal béat, ni dans l’humanisme sempiternelle, encore moins de vous lancer dans des vœux pieux ; mais je vous pousse à faire la part des choses, pour que les retombées et les gains de l’entreprise contribuent au bien-être social de tout un chacun dans cette communauté sociale qu’est et représente l’entreprise.

L’hécatombe sociale qui s'est abattue sur les travailleurs au Sénégal, et ceci depuis la survenue de la loi N°97 -17 du 1er Décembre 1997 portant code du travail, est plus qu’inquiétante et alarmante que normale ; car cette forme atypique d'emploi juridiquement consacrée tarde à se faire entourer de décrets d’application pour éviter les abus à outrance comme ils y s’exercent actuellement. Pour preuve, aucun décret d'application n'est encore et jusque-là intervenu.

Malheureusement, le législateur sénégalais tardant à jouer sa partition en a ainsi ouvert une boîte aux pandores (article L. 226 du code du travail sénégalais) qui précarise et fait des intérimaires des proies faciles prêtes à tout accepter pour se trouver une place en entreprise. La précarisation de l’emploi est ainsi largement atteinte dans les années 1990. La preuve nous est exhibée par ces statistiques du ministère du travail (1990) : sur 5126 contrats de travail conclus, 3153 étaient à durée déterminé, soit 62.09%. La politique de précarisation du travail s’est poursuivie, au plan législatif, par la consécration dans le nouveau code du travail de 1997 d’une nouvelle dérogation au principe posé par l’article 35 relatif aux entreprises qui « ont » usage de recourir à l’emploi temporaire, et dont la liste est établie par un arrêté ministériel (NDIAYE, I. Y. et SAMB, M. 1997).

Entre les années 90 et les années 2000 beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du marché du travail sénégalais, néanmoins je retiendrai, en tant qu’intérimaire, que la situation n’a fait que dramatiquement s’accroître dans son dépérissement.

Assurément mes arguments restent et resteront fragiles parce qu’étant pas étayés par des chiffres à l’appui. Ce n’est pas ma faute si et seulement le ministère du travail à travers l’inspection du travail, le ministère de l’économie et des finances à l’image de ce qui ce fait en France par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), et la direction nationale de la statistique ne produisent en rien et vraiment de rien des rapports et des synthèses sur le marché du travail sénégalais.

Cette forme de travail, qui devait servir de simple tremplin pour permettre à l’intérimaire d’avoir un pied en entreprise pour qu’à l’issue, l’empiétement soit total afin de le consacrer comme permanent, est donc devenue maintenant un long chemin sans issue. Sur l’intérim au Sénégal et sa documentation, vous pourrez chercher et remuer ciel et terre mais vous constaterez que c’est le désert le plus total. Faute de servir de tremplin, l’intérim a finit de nous précariser dans nos emplois respectifs…

De ce fait, est-il possible de considérer l’intérimaire ou le travailleur temporaire comme un « employé à part entière » de l’entreprise (eu égard à sa capacité d’atteinte des objectifs de performance) ; ou bien comme un simple « mercenaire », sinon comme un « éternel temporaire » ?

Si vraiment l’intérim ou travail temporaire n’a pas pour objet, ni pour motif de pourvoir durablement à un emploi lié à l’activité normale et permanent de l’entreprise alors je vois très mal que l’on puisse user et abuser des droits d’un travailleur durant plus de 24 à 48 mois, en passant par 72 à 96 mois jusqu’à dégoût et écœurement… ?

Ou bien, est-ce que parce que la précarité de l’emploi soit telle dans ce Sénégal… que l’employé manque de choix et de solution, qu’il faudrait user et abuser et des ses droits les plus minimalement légitimes ?

L’intérim se doit d’être dans les principes un parfait tremplin vers un emploi stable et permanent plutôt qu’un symbole de précarité.

Sachons que l’heure n’est plus au servage ; et que la corvéabilité et la malléabilité qui ne sont que de mauvais alois ne doivent plus être de rigueur. Les intérimaires ne doivent plus être laissés sous le joug des employeurs. Pour ce faire, il appartient à la puissance publique de régir les pratiques de cet emploi. Le professeur de droit Isaac Yankhoba Ndiaye –ancien doyen de la faculté de droit de l’université de Dakar aujourd’hui professeur associé à l’Université de Paris II et un des cinq sages du Conseil Constitutionnel sénégalais–, dans une de ses communications « Flexibilité et protection du travail : Enjeux des années 2000 », à la journée du monde du travail d’avril 2000, disait et je le cite, que : « Si l’on prend comme acquis que la flexibilité est irréversible pour la sauvegarde de l’entreprise, il reste à rechercher quelles sont les limites qu’il faut lui assigner afin d’éviter que les droits des salariés ne soient sacrifiés. C’est la recherche permanente de l’équilibre entre ce qui est économiquement possible et ce qui est socialement souhaitable. Il faut essayer de concilier les intérêts de l’entreprise et ceux des salariés. D’ailleurs, ils ne devraient jamais être dissociés, tant il est vrai que c’est l’entreprise qui génère l’emploi, il n’y a point d’emploi, s’il n’y a pas d’entreprise. »

Je pense alors que l’heure est maintenant venue de chercher à trouver le juste milieu entre ce qui est économiquement possible et ce qui est socialement souhaitable. Sur ce, je m’en vais répondre à deux tenanciers de boutiques d’intérim, en l’occurrence Mr Jean- Claude HIOU de Top Inter et l’autre de Sen Intérim (j’en ai même oublié son nom) dans un dossier sur l’intérim paru dans le Journal l’Observateur des Samedi 04 & Dimanche 05 Juillet 2009 où ils affirmaient sans ambages que l’intérim n’est pas un travail précaire.

Si l’intérim n’est pas un forme de travail précaire alors je m’en vais donner ma langue aux chats et inviter tous les intérimaires à continuer de boire son calice jusqu’à la lie...

Cependant, j’opterais pour une autre posture à savoir m’en allais – n’est ce pas ! – créer une agence de travail temporaire pour embaucher mes deux patrons sus-cités comme intérimaires. S’ils acceptent, je les plongerais alors avec toutes les conditions requises dans les méandres, détours et dédales de « leur propre intérim ». Après coup, je pourrais jurer sur tous les dieux qu’ils diraient soit le contraire ou bien changeraient inévitablement de fusil d’épaules et ne camperaient plus sur leur position.

Sur cette même logique, je m’en vais leur apporter un petit plus pour leur culture générale. Qu’ils sachent ainsi qu’il y’a deux formes de précarité dans le monde du travail, à savoir :
- la précarité d’emploi
- et la précarité de travail.

En ce sens que la précarité d’emploi renvoie au degré de stabilité de la situation professionnelle des salariés. Une stabilité définie par la nature du contrat de travail et la politique économique de l’entreprise. La précarité se définit et se mesure à l’aune des incertitudes issues d’éventuelles menaces qui pèsent sur l’emploi du salarié (durée limitée du contrat de travail facilité pour l’employeur, selon des critères prédéfinis).

Un emploi précaire se caractérise donc à la fois par une vulnérabilité économique et par une limitation des droits sociaux ; car ces derniers sont d’autant plus protecteurs pour le salarié que le degré de stabilité de son emploi est élevé. A ses propres yeux comme à ceux des organisations qui l’emploient, le salarié précaire occupe une place inférieure dans la hiérarchie des statuts sociaux définit par l’Etat-Providence. Dans ce cadre, il devient évident que les salariés intérimaires font figurent de travailleurs précaires par excellence.

Cette définition transige avec la précarité de travail qui s’analyse, quant à elle, à travers l’antagonisme satisfaction/frustration éprouvée par le salarié dans l’exercice de ses fonctions.
Elle renvoie à une série d’indicateurs tels que la pénibilité des conditions de travail, le bas salaire, le non intérêt de l’activité de travail, les relations tendues avec les supérieurs et les pairs, les absences de perspectives de promotion, et l’inexistence de revendications collectives.

Mes deux chers messieurs, si après ces deux définitions que je viens de vous livrer gratuitement – malgré de grandes possibilités d’activité de consultance – vous maintenez que l’intérim est loin d’être précaire, alors je ne vous tiendrais pas longtemps la répartie et me ferais alors petitissime, en vous confortant dans vos pratiques innommables, abjectes et inqualifiables…

Pour conclure, je vais citer Heinz Pagels pour vous inviter à donner le meilleur de vous-mêmes tout en sachant que : « Le désordre au niveau individuel entraîne un déterminisme collectif ». Conjointement, je m’en vais emprunter à Antoine de Saint-Exupéry, que j’aime décidément tant, ces quelques autres mots qui synthétise bien mon raisonnement : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible. »

Puisse Allah dans sa Mansuétude sauver l’âme perdue des intérimaires et travailleurs temporaires du Sénégal, souffre-douleur martyrisé qu’ils sont d’un système préétabli et pérennisé !

Qu’Allah dans Sa Clémence, nous facilite la quête de Sa Miséricorde, Lui qui nous demande de méditer sur ce qu’Il a créé. Qu'Il nous compte parmi ses élus, nous guide sur les sillons de la « Siratikhal Moustikhama » ; et qu’Il fasse que les intérimaires et travailleurs temporaires cessent de se faire hara-kiri au grand bonheur des aristocrates et bourgeois des temps modernes.

Allaahumma aamiine !!!



Honni soit qui mal y pense ! *



* Honte à celui qui y voit du mal !




Ababacar Sadikh SECK
secksadikh1@yahoo.fr

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